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Galway Congolese Association
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28 octobre 2007

LA RDC vit-elle sous un régime de discrimination?

Le vendredi 19 octobre dernier, la télévision belge RTBF a diffusé une émission dans laquelle un reportage tendait à prouver que les pygmées étaient discriminés en RDC, pire ils étaient réduit en esclavages par les Bantu vivant en lisière de la forêt. Dans le reportage qui sera diffusé un groupe de femmes pygmées "exploitées" par des paysans bantu dans les travaux de champs sexpriment pour dénoncer l'exploitation dont elles sont victimes. Le reporter montrera même que le mariage mixte n'existait pas entre un homme pygmée et une femme bantu, tandis que les hommes bantu faisaient régulièrement des enfants aux femmes pygmées.
Lors du "débat" qui a suivi on a entendu le professeur Elikya Mbokolo, du haut de sa science affirmer que les pygmées étaient effectivement des sous-hommes que les bantu exploitaient et discriminaient à outrance. Les bantu pouvaient abattre les pygmées sans être inquiété le moins du monde, il y avait même des bantu qui consommaient la chair des pygmées.
Le comédien Pie Tshibanda, auteur du roman Rendez-vous sur l'île de Gorée (livre qui parle justement de l'esclavage), qui était présent sur le plateau a tenté de nuancer les propos d'Elikya Mbokolo en évoquant tous les efforts effectués durant des
années, jusque sous Mobutu d'ailleurs, pour intégrer les pygmées dans la société. Il a aussi expliqué qu’un très grand nombre de missionnaires ont consacré leur vie à l'émancipation des pygmées. Enfin il a expliqué que la question de l'impunité des crimes et de l'exploitation au Congo-Kinshasa concernait toutes la société.
Ce à quoi Mr Elikya Mbokolo a répondu que la négation de cette discrimination était déjà la preuve qu'elle était réelle. (tiens tiens!). Le présentateur n'a pu que constaté l'impossibilité de concilier les deux points de vue à la fin de l'émission.

Dernièrement c'est la déclaration sur RFI de Azarias Ruberwa, ancien vice président de la RDC durant la transition, qui a mis le feu aux poudres. Celui-ci a affirmé, pince-sans rire, que la "tribu" Tutsi était victime de discrimination au Congo. Ils devaient vivre dans la peur, étaient rejetés, n'étaient pas représentés dans les institutions...
Cette déclaration va provoquer un tollé générale au sein du PPRD (Parti au pouvoir au Congo Kinshasa). Une liste sera mise en circulation pour montrer que les postes de responsabilité occupés par des membres de la "tribu" tutsi. Dans le texte qui accompagne cette liste, la secrétaire générale adjoint du PPRD explique que les Tutsis étaient sur-représentés dans les institutions par rapport à leur poids démographique et politique réel. Bref Mr Ruberwa est un menteur!
Quand en plus l'actualité nous informe que les membres de la "tribu" de Jean Pierre Bemba sont victimes d'une répression de la part des forces de sécurité du gouvernement, et que les Lubaphones du Kasaï sont absents du gouvernement pourtant pléthorique (60 ministres) de Gizenga, il y a vraiment lieu de se poser la question de savoir si le Congo n'est pas un pays des discriminations ( une sorte d'Apartheid ).

La discrimination qu'est-ce?

Selon l'encyclopédie en ligne wikipedia (que je recommande vivement www.wikipedia.org):
"Socialement, la discrimination consiste à distinguer un groupe de personnes des autres, et à lui appliquer un traitement spécifique, sans lien objectif avec le critère qui sert à distinguer le groupe.
La discrimination a d'abord été identifiée comme une réduction arbitraire des droits, contraire à l'égalité en droit, et induisant une dévalorisation de certains groupes d'humains.
Mais une fois une discrimination « négative » objectivement observée, il est parfois mis en avant la nécessité d'une action de rééquilibrage sous forme d'une discrimination positive."
Si nous nous fondons sur cette définition, le Congo est effectivement un pays de discriminations. Celle-ci fut instituée par Leopold II dès le début afin de lui faciliter la domination et la conquête de ce pays 88 fois plus grand que la Belgique. Leopold II choisira de s'appuyer sur certains tribus ou groupe pour dominer les autres. Cette politique sera perpétuée par le Congo belge et naturellement à l'indépendance les dictatures successives vont perpétuer cela de manière plus ou moins officiel.
On peut citer le fait que la force publique a été majoritairement composée des ressortissants de l'équateur. Ce qui sera perpétué par la dictature de Mobutu. Mais une fois que celui-ci sera défait, la nouvelle dictature s'évertuera à renverser la tendance en introduisant des swahiliphone (pour ne pas dire tutsiphone) dans l'armée en masse.
Quand on observe le déséquilibre relevé par le PPRD vis-à-vis des tutsis dans les institutions cela révèle le caractère tutsi du régime en place. Faits chroniquement relevé par Hnoré Ngbanda. Étant donné le fait que les tutsis ont été le fer de lance de
l'AFDL, il est presque “normal” dans la logique congolaise des choses, qu'ils se taillent la part du lion dans le partage du gâteau final. Et bien sur, tout cela au détriment une fois de plus des autres tribus ou groupe sociaux qui, frustrés, attendent leur "tour". Comme le disait les katangais, kivutiens et autres ressortissants de l'est du Congo-Kinshasa au moment de la chute de Mobutu.

Est-il possible d'éviter la discrimination ou le sentiment de discrimination au Congo-Kinshasa?

A cette question la réponse est à priori non!
Avec 450 tribus ou plus, il est quasi impossible dans une logique d'état unitaire (non fédéral) de satisfaire tout le monde. A moins d'avoir des institutions mammouth (gouvernement de 450 ministres, assemblée nationale d'au moins 450 membres ou plus...) Les nominations et postes à responsabilité étant tous dans la capitale, les hauts fonctionnaires de l'état étant tous nommés à Kinshasa, les tribus qui n'ont personne à
Kinshasa seront toujours "lésés" dans la répartition des postes.
La décentralisation est une pistes très prometteuses pour satisfaire tout le monde. Par décentralisation nous entendons le fait de rapprocher les centres décisionnels le plus près possible de la population. En décentralisant fortement ou en fédéralisant réellement le pays, Les populations n'auront plus besoin pour se sentir non-discriminé d'avoir un ministre membres de leurs tribus. Les élus locaux étant des vrais responsables doté d'un vrai pouvoir de décision et d'un budget conséquent leur permettant de réellement répondre aux attentes de la population.
Si en plus de la décentralisation, des mesures sont prises pour rendre transparent et consensuel l'accès aux fonctions de responsabilité au niveau nationale (mise en place d'une véritable démocratie représentative et réelle) on pourra réduire drastiquement le sentiment de discrimination qui mine réellement la société congolaise et sa classe politique.
Pour conclure nous pouvons affirmer que le vrai responsable de la discrimination et du sentiment de discrimination c'est l'arbitraire qui règne en RDC à tous les niveaux de
décision.
A ce jour tous les congolais sont discriminés d'une façon ou d'une autre en fonction de leurs idées politiques et de leurs origines ethnique et ce de manière positive ou
négative.

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