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Galway Congolese Association
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18 octobre 2007

Gizenga en chute libre

Selon des sources dignes de foi, cette semaine devrait connaître l’annonce de la nouvelle structure de l’Alliance pour la Majorité Présidentielle, AMP. Sous réserve de la version définitive, Le Phare a appris que la nouvelle structure devrait comprendre les organes suivants : la Conférence des membres, qui est l’Assemblée générale ; le Conseil politique, regroupement des leaders ; enfin le Secrétariat exécutif. Dans cette mouture, est appelé à disparaître le poste de Coordonnateur de l’AMP, jusque-là brillamment tenu par André-Philippe Futa, celui-là même qui a joué le rôle clé que l’on sait dans la mobilisation des troupes à la veille du vote de la motion de défiance contre le Ministre d’Etat Norbert Nkulu Kilombo.

Déficits

Alors que cette affaire a permis à l’AMP de faire l’expérience de sa capacité de mobilisation, tous les analystes sérieux ont par contre été unanimes à reconnaître le net recul politique du Premier Ministre, Antoine Gizenga Funji, dont l’équipe a étalé au grand public ses dysfonctionnements et son déficit de cohésion. De sorte qu’au moment où tous les regards sont tournés vers le Palais de la Nation pour tenter de deviner ce que sera le profil du gouvernement remanié, l’on s’accorde à dire que le leader historique du PALU sera déjà heureux de sauver son poste.
En revanche, pour n’avoir pas été tenté de bloquer l’exercice de la démocratie à travers le débat et le vote sur la motion de défiance, c’est assurément le Président de la République qui sort grand gagnant d’une telle expérience, là où l’un de ses prédécesseurs avait dû fermer ou faire fermer brutalement la Conférence Nationale Souveraine avec toutes les conséquences que l’on sait. Bien au contraire, Joseph Kabila a laissé les députés s’exprimer librement comme ils le souhaitaient, lui donnant ainsi l’occasion d’identifier sa véritable majorité.
Au total donc, le plus grand enseignement politique que les observateurs tirent de l’affaire Nkulu, c’est que dans un régime voulu parlementaire comme le nôtre, le Premier Ministre qui est le véritable chef de la Majorité a fini par abdiquer, laissant le Président de la République s’exposer en première ligne comme il avait déjà eu à le faire dans le Bas-Congo lors de l’affaire BDK, le déraillement de Kakenge au Kasaï occidental, le dossier Nkunda dans le Nord-Kivu. Et maintenant, avec le crash de Kingasani ya suka, à Kinshasa où il s’agit pourtant de la base même du Premier Ministre.

Auto-fragilisation

Selon plusieurs confidences, les députés de la Majorité qui se sont réunis la veille du vote de la motion de défiance avaient, en vain, espéré une visite du Premier ministre. La Majorité s’est ainsi sentie abandonnée sinon trahie au moment où s’annonçait une bataille décisive. L’épisode a laissé des traces : alors que l’AMP cédait une cinquantaine des voix à l’Opposition, plusieurs députés, et pas seulement des groupes parlementaires de l’Opposition, n’avaient pas raté l’occasion de dire au Premier Ministre, lors du débat, tout le mal qu’ils pensaient de son gouvernement ainsi que de sa manière de gérer les affaires de l’Etat. Le Président de la République ayant opté de laisser le jeu démocratique se dérouler normalement, les observateurs n’ont pu alors que se rendre compte des déficits criants accusés par la Majorité, appelant, du coup, des mesures urgentes de reprise en mains.
Question : que reste-t-il alors d’Antoine Gizenga Funji après qu’il eut dilapidé tout son crédit au sein de l’AMP ? A la veille d’un remaniement que tout le microcosme politique congolais attend, à entendre certains états d’âme, à se fonder sur certains éclats de voix, il ne fait plus aucun doute qu’à ce jour, la Majorité aurait souhaité voir quelqu’un d’autre à la place d’Antoine Gizenga Funji, ne serait-ce que pour le punir de ce qu’on appelle ici immobilisme, déficit de communication, refus de prendre des risques et d’agir. Bref, il ne fait plus aucun doute aujourd’hui que la survie du chef du gouvernement tient beaucoup moins à ses succès, vrais ou supposés, qu’à la montée en puissance de l’affaire Nkunda, laquelle oblige les stratèges du camp présidentiel à éviter d’ouvrir un autre front dans cet ouest – Kinshasa et le Kwilu - donné pour frondeur.
Reste que face à des résultats aussi incertains, on peut se demander si Antoine Gizenga est encore fondé à exiger aujourd’hui le même nombre de postes qu’il avait obtenu à la création de l’Alliance pour la Majorité Présidentielle .
Enfin, comment ne pas faire, avec nombre d’analystes sérieux, ce constat qu’au moment où la cote du Premier Ministre est en baisse au sein de la Majorité, celle d’André-Philippe Futa, par contre, monte en flèche. C’est, rappelle-t-on, le Coordonnateur de l’AMP qui a été au four et au moulin pour remobiliser les troupes la veille du débat sur la motion de défiance, en inculquant à tous les siens l’esprit de groupe et en imposant à chacun d’eux un code disciplinaire aujourd’hui cité en exemple. C’est le même A-P Futa qui avait joué le rôle que tout le monde connaît, apportant du coup la preuve de sa capacité à gérer les troupes, avant et après l’élection présidentielle de l’année dernière. De sorte qu’aujourd’hui, la question se poserait non point en termes de survie pour le Premier Ministre, mais plutôt de savoir, s’agissant d’A-P Futa, s’il est politiquement correct de laisser un aussi gros gabarit en dehors de la gestion de l’Etat.
C’est sans doute là l’une des énigmes du remaniement attendu. Dont on se demande avec insistance dans la capitale s’il va avoir lieu dans les heures qui viennent ou, plutôt, attendre de tirer les leçons de la rencontre, la semaine prochaine, entre Joseph Kabila et G.W. Bush à la Maison Blanche.

Le phare

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